• La planche que je vous présente porte sur le labyrinthe. Ce n'est pas un symbole a proprement parlé maçonnique mais il fait partie de notre environnement culturel. Je suis presque sûr qu'à l'évocation du mot « labyrinthe » il vous est venu au moins l'une de ces références : le labyrinthe du Minotaure ou le labyrinthe de la cathédrale de Chartres. Ce symbole, nous le verrons dans la première partie a en fait accompagné l'Humanité par delà les frontières, les âges et les civilisations.

    On s'y perd ou on s'y trouve, peut-être s'y perd-t-on pour se trouver et croyant se trouver on s y perd... Vous me suivez ?...

    Mais tout d'abord, il faut faire une distinction : il y a des labyrinthes à choix multiples, conçu pour s'y perdre, nous utiliserons alors le mot « dédale » pour les distinguer, Dédale étant l'architecte-concepteur du labyrinthe du Minotaure.

    Et il y a le labyrinthe à un seul choix, conçu pour l'initiation, comme celui de la cathédrale de Chartes, celui-là sera désigné par « labyrinthe ».

    La langue anglaise utilise 2 mots quand le français en utilise qu'un : en anglais, le labyrinthe à choix multiples est appelé « maze », celui à choix unique s'appelle « labyrinth ».

    Finalement c'est la forme à choix unique qui a servi de symbole à l'Humanité et non le dédale. Même si le dédale était utilisé par les Égyptiens pour protéger les tombes. Le dédale est un symbole relativement moderne, avec l’avènement de la psychologie, pour signifier l'errance de la vie, sa complexité, ses impasses et ses difficultés. Si le Dédale représente la vie du commun des mortels, le labyrinthe représente certainement celle de l'initié : une vie qui suit un chemin de sagesse, avec des méandres mais sans piège, sans impasse, sans fausse route.

    Même le labyrinthe du Minotaure est représenté par un labyrinthe à choix unique, dans les représentations datant de la Grèce Antique.

    Si le labyrinthe du Minotaure est à choix unique, pourquoi Thésée a-t-il besoin du fil d'Ariane ? C'est un paradoxe, un mystère. Peut-être l'Humanité savait alors conceptualiser un dédale mais ne savait pas encore le représenter ?... Je penche plutôt pour cette explication car c'est Dédale lui-même, architecte du labyrinthe du Minotaure, qui conseilla ce stratagème à Ariane pour Thésée. De plus, le roi Minos, mécontent de la mort du Minotaure, enferma l'architecte et son fils Icare dans le dédale. La seule solution pour Icare et son père fut de fabriquer des ailes pour s'enfuir par le haut du labyrinthe. La 3ème dimension est toujours une solution pour les pièges binaires, nous retrouvons là notre pensée ternaire et la recherche du 3ème point d'élévation. Vous connaissez la suite, Icare ne suit pas les sages conseils de son père et emporter par la fougue de sa nouvelle liberté et capacité à voler, se brûle les ailes en se rapprochant trop près du soleil...

    Mais nous pouvons aussi considérer que le labyrinthe du Minotaure est un labyrinthe et non un dédale. Le Minotaure est alors représenté au centre. Le combat de Thésée devient alors initiatique : il peut visiter l'intérieur de lui-même pour rectifier la matérialité, l'animalité de l'homme symbolisée par le Minotaure, celui qui demande sang et sacrifices humains (on pourrait aisément trouver analogie avec nos capitaines d'industries et de finance d’aujourd’hui...). En sortant de la matrice-labyrinthe, grâce au fil d'Ariane, Thésée renaît. Le fil d’Ariane n'est plus alors un instrument de guidage, mais un instrument de liaison. Dans ce voyage au centre de soi-même pour mener notre propre lutte, il nous faut un fils d'Ariane nous reliant aux autres aimés, au Monde, à la vie réelle. Ce fil ne nous indique pas le chemin du retour mais il nous motive à revenir sur nos pas, à faire le chemin inverse, à remonter à la surface. Car la tentation peut être grande de demeurer au pays de la lumière nouvellement trouvée, mais celle-ci ne vaut que pas l'utilisation qu'on en fait à l'extérieur de soi... Que le labyrinthe du Minotaure soit un dédale ou un labyrinthe, il y a toujours à nous enseigner. La notion de labyrinthe semble être la plus initiatique des deux. C'est celle qui a accompagné l'Humanité.

     

     

     

    1)    Le Labyrinthe et l'Humanité

     

    Les premières représentations labyrinthiques retrouvées proviennent d'Europe méditerranéenne, elles ont commencé à apparaître il y a 4500 ans.

    Citons quelques exemples

     

     

     

     

     


    Sardaigne, Luzzanas, ornement d'une tombe datée de -2500 av JC

     

     

     

     
     


    Italie, Valcamonica,  âge de bronze (-1800 ; -1500 av JC)

     


    Babylone, -2000 ; -1700 avJC

     


    Espagne, Mogor, -3000 ; -2000 av JC

     


    Tablette Nama, Pylos, Grèce 1600 ; 1200 av JC

     


    Poterie, Syrie, 1200 av JC

     


    Pièce de monnaie, Crête, -300 avJC

     

     

     

    On retrouve le motif, le symbole du labyrinthe par delà les civilisations :

     


    Inde

     


    Égypte

     

     


    Amérique du nord

     

     


    Nazca, Pérou

     

     

     


    Scandinavie

     

    Le labyrinthe semble donc jouir d'une certaine universalité à travers les âges et les civilisations. Jusqu'à venir à notre temps où il est revisité :

     


    St Omer, France

     


    Chalon, France

     


    Chartres, France

     

     

     

     
     

     

     

    Et moi même j'en ai réalisé quelques uns dont un dans mon jardin pour collectionner plantes médicinales et aromatiques :

     

     

     

     

     

     

    Ma planche ne souhaite pas traiter des différentes symboliques à travers les âges et les civilisations. L'idée est plutôt de susciter votre intérêt, pour qu'à votre tour vous fassiez les recherches qui vous intéressent sur ce sujet. Citons tout de même quelques utilisations du labyrinthe pour vous mettre l'eau à la bouche : rite funéraire, rite de naissance, guide pour danse de transe, instrument symbolique pour le couronnement des rois, succédané de pèlerinage, danse de Pâques, canalisation de forces telluriques, ... Pour certains le labyrinthe symbolise la voie pour remplir sa vie de façon optimale, comment mettre le plus d'expérience, de connaissance dans le cadre fini de la vie humaine ?

    La suite de ce travail va porter sur la construction d'un labyrinthe et sur la spéculation maçonnique que l'on peut en faire.

     

    2)    Construction du labyrinthe

     

    Tout part d'une croix : niveau et perpendiculaire

     


    Autour de cette croix sont marqués 4 points qui forment un carré dont la croix est composée des médiatrices. Nous retrouvons ici quelque chose qui ressemble à la croix de Jérusalem.

     

     
     

     

     

    Puis nous relions le sommet de la croix à un point :

     


    Et nous faisons de même pour les points immédiatement voisins :

     

    et ainsi de suite :

     

     

    Nous obtenons alors le labyrinthe le plus simple. Il a 3 tours ou circuits, plus le 4ème qui est le centre du labyrinthe et non un circuit.

    La progression est linéaire : 1 – 2 – 3 – fin

     

     

    Pour compliquer un peu plus les choses et obtenir un labyrinthe avec plus de circuits, il suffit de renforcer la croix d'équerres en haut ou en bas :

     

     

     

     

     
     

     

    Nous obtenons alors un labyrinthe à 5 circuits.

    Amusons nous à le parcourir.

    Nous voyons alors que le chemin est plus complexe que celui du labyrinthe à 3 circuits que nous appellerons labyrinthe de 1er degrés.

    Dans cet exemple, le chemin suit un ordre particulier : 1 – 2 – 5 – 4 – 3 – fin. On progresse jusqu'à être très proche du but, puis on s'éloigne pour finalement arriver.

    Dans l'autre labyrinthe à 5 circuits avec les équerres en bas :

     

     

     
     

     

    Le chemin suit l'ordre suivant : 3 – 2 – 1 – 4 – 5 – fin. On avance à grand pas mais on régresse de suite, pour s'approcher enfin linéairement du but.

     

    Il y a déjà matière à spéculer pour trouver des significations à ces ordres non linéaire comme celui du 1er degrés.

     

    Le labyrinthe à 5 circuits sera appelé labyrinthe de 2ème degrés.

     

     

     

    En mettant des équerres en haut et en bas, nous obtenons un labyrinthe à 7 circuits :

     

     
     


    Le chemin prend ici l'ordre : 3 – 2 – 1 – 4 – 7 – 6 – 5 – fin

    On fait un grand pas en avant, on recule jusqu'à 1, on refait un grand pas à 4 qui nous fait toucher au but mais on s'éloigne pour finalement arriver par un grand pas.

    Ce labyrinthe peut être appeler du 3ème degrés.

     

    Considérant que les spéculations en loge d'apprenti ne peuvent aller au delà du 1er degrés, les spéculations suivantes ne concerneront que le labyrinthe à 3 circuits.

     

    3)    Spéculations maçonniques sur le labyrinthe

     

    Reprenons le labyrinthe de 1er degrés qui a mon sens correspond au grade d'App.'..

    Et tentons de spéculer avec profit, philosophiquement bien entendu :-) !

     

    Nous l'avons vu, à travers les âges et les civilisations le labyrinthe a accompagné l'humanité par sa fonction initiatique, méditative, symbolique, religieuse ou rituélique. Nous allons tenter d'en avoir une lecture pour l'initiation maçonnique.

     

    Il y a d'abord une lecture selon la densité. Plus nous nous approchons du centre, plus nous allons vers ce qui est dense. Plus nous allons vers l'extérieur, plus nous allons vers le léger. Cette lecture est à rapprocher avec les 4 éléments qui représentent les différents états, du volatil au dense. Nous avons alors dans l'ordre : le FEU, l'AIR, l'EAU, la TERRE.

    Le 1er tour serait celui du FEU. C'est l'Homme soumis uniquement aux conditions extérieures, comme la danse des flammes est soumise aux mouvements d'air. L'Homme est en prise avec ses émotions, il réagit émotivement aux influences et forces qui agissent sur lui. C'est le domaine de l'action-réaction, de l'immédiateté, le tumulte de la surface de la mer. Aujourd'hui nous pourrions faire le rapprochement avec un utilisateur des réseaux sociaux qui réagit dans l'immédiateté au flot incessant des actualités et des commentaires.

    Le 2ème tour serait celui de l'AIR. Remarquons que la marche s'effectue en sens inverse du tour précédent. Si le 1er tour est dextrogyre, le 2eme tour est lévogyre. Ainsi nous refaisons le chemin mais sur un autre plan, ce changement de sens invite à l'introspection, revivre par une prise de recul pour analyser et comprendre. Ici, l'Homme prend un plus de recul face au tumulte de la surface. Des émotions, il en retire des opinions, des avis. Ses émotions éparses sont rassemblées, analysées et synthétisées ainsi. Les émotions commencent à prendre sens. Elles sont aussi rectifiées quand elles ont été abusives ou déconnectées du sens nouvellement déduit.

    Le 3éme tour serait celui de l'EAU. Il est dextrogyre. Nous quittons là le domaine gazeux de  l'immédiateté. Les opinions sont épurées et organisées en réflexions rationnelles. Les croyances deviennent des hypothèses, elles ne sont pas rejetées mais elles sont considérées à leur juste valeur. Les affirmations ne sont retenues qu'après résistance à la critique de la Raison ; C'est le domaine où se construit la connaissance.

    Le 4ème et dernier tour, qui n'est pas un tour mais un aboutissement, le centre du labyrinthe, la fin du premier mouvement, [ce tour] serait celui de la TERRE, l'élément le plus dense. Ce qui est solide, ce sur quoi nous pouvons bâtir. Ce qui prévaut ici c'est l'idée d'éternité, de solidité, de fondement, de socle. Ce sont les principes et valeurs fondamentaux que nous nous fixons et qui nous semblent sages, forts et beaux. Ces principes et valeurs ce sont nos réflexions épurées. Par exemple : la Liberté, l'Egalité, la Fraternité ; l'amour inconditionnel, la recherche de la vérité, l'étude de la morale, la pratique de la solidarité ; le respect des autres et de soi-même, la tolérance mutuelle, la liberté absolue de conscience, … A chacun de distiller ses réflexions pour en extraire la quintessence fondamentale. Pour moi, en outre de celles que nous partageons ici, c'est : 

            « ce qui est d'ordre collectif doit être gérer collectivement »

            « le sens de l'humanité est de se diviniser par la Sagesse »

            « Si Dieu existe, il ne peut être qu'Amour, il nous veut libre, le reste est invention humaine »

    A ce stade nous sommes descendus au plus profond de nous, dans notre for-intérieur. Nous ne sommes plus sous l'influence des tumultes de la surface mais dans les eaux profondes de la mer où rien ne bouge ou si peu. Une fois atteint ce for-intérieur, nous avons constitué une matrice, une source, qui va nous aider à mettre au monde des idées et des réflexions. Nous entamons alors le 2ème mouvement vers la sortie du labyrinthe, nous faisons le chemin dans l'autre sens, car le labyrinthe se parcours ainsi, on ne reste pas au centre. Des fondamentaux, nous retournons à nos réflexions. De la TERRE nous allons à l'EAU. Les réflexions seront rectifiées, mises en cohérences selon ces fondamentaux. C'est l'application de nos fondamentaux dans les grands thèmes philosophiques : Dieu, la Vie, la Mort, la société, la nature, l'Etat, l'Economie, la Politique, …

    De l'EAU nous passons à l'AIR. Vous aurez noté que le 2eme tour était lévogyre, il est maintenant dextrogyre. Chaque tour étant parcouru dans les deux sens. De nos réflexions,nous passons à nos opinions. Celles-ci ne sont plus issues de nos émotions mais construites par nos réflexions elles-même enfantées de nos fondamentaux. Les opinions sont alors les projections de nos réflexions dans des domaines particuliers : l'éducation, la santé, l'entreprise, la démocratie, la République, la laïcité, la protection social, la propriété du capital…

    Puis de l'AIR nous allons au FEU. C'est le temps de l'action, de la mise en pratique, la navigation intelligente sur le flot tumultueux du réel, la mise à l'épreuve de nos idéaux et fondamentaux. Ici nous définissons en temps réel notre positionnement face aux circonstances du moment : faut-il être Charlie ? Faut-il soutenir la loi Macron ? Faut-il s'opposer au projet de loi sur l'Asile ? Faut-il défendre les féministes ou les médecins dans l'affaire des fresques pornos ? Faut-il acheter bio ? Faut-il lâcher la bagnole ? Faut il choisir les chaussettes vertes ou les jaunes ? Café ou thé ? Europe 1 ou France Culture ? … Nous voici de retour dans le jeu des forces en présence qui forment le monde et dans lequel notre seule présence active ou non nous fait prendre partie et nous rend influent bon gré mal gré. Mais cette fois, nous revenons conscients et nous pouvons construire notre position, choisir nos coopérations pour influencer le mouvement général et la course du monde de manière plus efficace. Le labyrinthe nous a fait travailler sur la théorie en partant de la pratique puis de cette théorie revenir nourrir la pratique.

    Dans cette interprétation ou spéculation, le labyrinthe est bien une voie initiatique qui nous aide à déterminer en conscience et volonté notre présence au monde. Nous ne sommes plus des éléments ballottés par les flots, mais des navigateurs déterminés...

     

     

    Je voudrais vous proposer une 2ème spéculation sur ce labyrinthe.

     


    Celle-ci reprend les principes alchimiques que nous retrouvons dans nos symboles : SOUFRE, MERCURE et SEL. 3 principes pour 3 circuits.

    Pour expliciter ces principes je vous propose de nous reporter au schéma d'Oswald Wirth :

     

     
     

     

     

    Le MERCURE est l'action du milieu sur l'individu : contraintes environnementales, lois de l'univers, contraintes sociales, politiques, religieuses, culturelles, temporelles, … tout ce qui exerce une quelconque influence sur l'individu.

    Le SOUFRE est le feu intérieur, l'envie de se réaliser, de conquérir, de s'épandre, l’énergie érigeante. C'est l'action de l'individu sur le milieu.

    Le SEL c'est la rencontre des 2 précédents, la volonté s'affrontant à la réalité. Le SEL est le 3ème point dépassant la lutte du binaire SOUFRE – MERCURE, comme la synthèse l'est de la thèse et de l'anti-thèse ou le delta lumineux pour le binaire Lune – Soleil ; ou encore comme la fraternité l'est pour la liberté et l'égalité...

    Le SEL est le lieu de la personnalité, ce qui permet les noces chymiques entre le désir et les contraintes. Il atteint son optimum lorsque SOUFRE et MERCURE sont bien dosé, ce dosage est l'objet du parcours initiatique du labyrinthe.

     

    Pour être initiatique, le 1er tour du labyrinthe serait alors pour moi celui du SOUFRE. À ce stade, le début du chemin, l'individu est amené à cultiver son originalité, sa singularité. Pour exister au monde, l'individu doit d'abord exister par lui-même, s'imposer au monde. Si le chemin commençait par le MERCURE, c'est à dire la soumission à l'ordre, ce chemin-là ne ferait pas un Homme Libre mais un soldat, un esclave dont on maîtrise et dirige la force en dehors de la conscience de l'individu ainsi manipulé. Pour être initiatique, le chemin doit commencer par le SOUFRE. Il faut d'abord faire fi des contraintes sociales ou extérieures pour se réaliser, comme le bambin de 2 ou 3 ans qui n'a pas conscience de la frontière entre lui et le monde et où il n'est que volonté et désir. Cette étape contient la nécessaire connaissance de soi et l'expérimentation de soi qui développeront la conscience de soi. Il faut ici travailler la confiance en soi, l'estime de soi, se débarrasser de toutes entraves, de tous dogmes, de toutes oppressions, encore faut-il en prendre conscience, c'est précisément le travail au SOUFRE. Ne pas avoir peur de mettre un miroir et y voir tout ce que nous avons accepté et assimilé comme cadre et limite à notre individualité. L'individu doit ici reprendre le dessus, retrouver sa liberté, il doit faire de lui un obélisque, un phallus. C'est la cérémonie d'initiation. C'est l’apprentissage de la Liberté.

     

    Le 2ème tour est l'étape du MERCURE. Maintenant que l'individu sait pleinement être lui-même, il peut en conscience assimiler et accepter les contraintes indépassables ou négociables. Il y a bien sûr les contraintes comme la gravité, le fait d'être né à une certaine époque, dans une région du monde particulière, sous un climat particulier, entouré d'une flore et d'une faune particulière, dans un état écologique particulier. Mais il y a aussi les contraintes sociales : le système politique et économique, les conventions d'usage, les coutumes, le poids des institutions politiques, sociales ou religieuses, l'environnement familial, la classe sociale, l'éducation reçue... Pour prendre conscience de cela, il faut certainement taire son SOUFRE, faire silence et observer, c'est le travail au MERCURE, être un réceptacle, une coupe. A cette étape, il s'agit de comprendre les règles, comprendre les lois, comprendre le jeu des influences, accepter, analyser, être passif. C'est le temps où l'App.'. fait silence, où il prend connaissance des règles et la culture (symboles, rituels, coutumes, …) du monde maçonnique dans lequel il vient de débarquer. C'est l'apprentissage de l’Égalité.

     

    Le 3ème tour est l'étape du SEL. L'individu effectue un tri dans ses désirs et dans les contraintes. Il consent ici aux contraintes acceptables, négocie celles qui semblent être négociables et luttera contre celles qui sont oppressantes, injustes ou castratrices. Il calmera ses ardeurs qui pourraient être préjudiciables à son environnement social ou écologique de sorte à ne pas détruire le milieu qui lui permet de vivre. Il cultivera son originalité qui le rend particulier et singulier au monde pour y être à la fois reconnu et utile, à la fois intégré et singulier, ni mouton, ni rebelle. Il favorisera ses désirs et volontés qui lui permettent de se développer, de découvrir, d'avancer, de se donner du sens. Le SOUFRE est transformé par le MERCURE, le MERCURE par le SOUFRE, ils peuvent enfin s'allier, c'est le travail au SEL, assurer le lien. Pour l'App.'. c'est le temps des premiers travaux, des échanges en réunion d'App.'.. Le temps où les choses commencent à prendre sens, où les symboles commencent à lui parler, à le faire réfléchir. C'est l’apprentissage de la Fraternité qui permet l'alliage entre Liberté et Égalité.

     

    Arrive alors la fin du parcours. Où nous comprenons le sens de la formule VITRIOL : Visite l'intérieur de la terre est en rectifiant, tu trouveras la pierre occulte. La fin du parcours est comme une chambre, comme un lieu sacré. Du centre du labyrinthe, nous comprenons le chemin parcouru, nous le contemplons. Nous sommes arrivés au centre de la terre, au centre de nous même, nous avons rectifié SOUFRE et MERCURE et par le SEL ces 3 principes se retrouve en un : la Pierre occulte, l'initié conscient de son initiation. C'est ici où nous pouvons ressentir plénitude, repos, paix, harmonie. C'est ici que le détachement n'est plus une épreuve, où la sagesse n'est plus une astreinte ou une ascèse, où la discipline n'est plus nécessaire. Tout est limpide, tout est clair, tout coule de source… Pour l'App.'. c'est la Lumière qui l'a reçu symboliquement lors de son initiation mais qu'il expérimente maintenant au fond de lui. Il est prêt à faire une Pl.'. d'augmentation de Sal.'.

     

    Il faudra quitter ce lieu, repasser par le SEL. Fort de l'expérience de la Pierre occulte, refonder sa personnalité. Traduire l'intuition en philosophie. C'est le domaine de la pensée singulière. Dans le but de se préparer à confrontation avec le MERCURE et de dompter le SOUFRE, il faut échafauder un système philosophique : quelle est ma conception de l'Homme ? Quelle est ma vision du Monde ? Comment aller du Réel à l'Idéal ? L'App.'. tient son sujet de Pl.'., il cherche ce qu'il a de singulier à dire. Il va chercher par lui-même.

     

    Puis repasser par le MERCURE. C'est le moment de refuser les influences ou forces externes qui nous semblent fausses, injustes ou oppressantes. C'est le moment de reconnaître et de consentir aux règles structurantes. C'est le moment synthétisé par la prière : « Mon Dieu, donne moi la Force d'agir sur ce qui est à ma portée, d'accepter ce que je ne peux changer et de comprendre la différence entre les deux. ». C'est aussi le temps des règles personnelles, ce que nous nous imposons nous même pour préparer et permettre la cohérence entre la philosophie de la Pierre occulte et l'action de l'initié. Une fois que l'App.'. a suffisamment travailler seul à sa Pl.'., il peut s'enrichir du travail de ceux qui l'ont précédé : lire d'autres Pl.'., étudier les ouvrages maçonniques, … se laisser influencer par les recherches des autres qui ont déjà fait le Chemin.

     

    L'action de l'initié, c'est le dernier tour : le deuxième passage au SOUFRE. L'action a 3 objets : la lutte contre les influences fausses, injustes ou oppressantes, la mise en œuvre du plan que se fixe l'individu pour son développement, la construction d'influences dans l'espace commun pour, à son tour, participer au jeu des forces en présence dont la résultante donne la direction que prend l'Histoire. L'initié est conscient de sa force, de sa valeur, il a acquis l'estime de lui même. Il comprend dans quel environnement il baigne, il est capable de faire la synthèse en lui-même de l'Idéal et de la Réalité, ce qui lui permet de se transformer lui-même, d'agir sur son environnement non pas pour servir son propre intérêt mais ce qu'il pense être l'équilibre du Monde ou le Grand Œuvre. Voici venu le temps pour l'App.'. d'écrire et de présenter sa Pl.'., fort de ses réflexions personnelles et de l'étude des œuvres des autres.

     

    A la sortie du labyrinthe, l'initié comprend que la Liberté, c'est aussi de servir une cause plus grande que soi.

     

     

    4)    Conclusion :

    Le parcours labyrinthique n'est pas en soi initiatique, au mieux il est méditatif. Pour être initiatique il doit être assemblé à d'autres clés et surtout à une intention du cheminant. L'intention de se perfectionner, de se connaître, de grandir en sagesse... Ce sont les prises de conscience à chaque étape, à chaque voyage, à chaque épreuve qui construisent peu à peu le trésor qui sera trouvé au centre. Souvent il est dit que ce trésor se mérite, n'est disponible ou accessible qu'aux initiés, je crois plutôt que s'il n'y a pas de quête sincère, il n'y a pas de trésor. Labyrinthe, comme Laboratoire, a la racine LABOR : le travail. Ce que nous y trouvons, c'est ce que nous y construisons, comme une pensée, comme une recherche scientifique ou philosophique, nous avançons selon les résultats que nous obtenons et pour en obtenir, il faut œuvrer.

    Le parcours s'effectue en 2 mouvements : le premier vers l'intérieur, le second vers l'extérieur. Le premier est celui des petits mystères, le microcosme, le travail sur soi et le second, est celui des grands mystères, le macrocosme, le travail dans le monde. L'équilibre de l'initié est ainsi : se transformer soi-même pour transformer le monde.

    Le parcours peut s'effectuer virtuellement en suivant le labyrinthe en pensée ou en s'aidant de son dessin, maintenant que vous savez le faire. Vous pouvez aussi le dessiner de manière à le parcourir « grandeur nature ». Cette dernière option est plus engageante et à mon avis plus efficace car elle ajoute la marche avec son temps, son rythme et son caractère méditatif.

    En pensée, sur papier ou grandeur nature, le labyrinthe vous aidera à vous concentrer, à quitter la réalité de la surface pour aller vers la vérité de la profondeur.... et revenir plein d'usage et raisons, plus fort, plus sage pour faire des choses plus belles, mettre de l'ordre dans le chaos du Monde.

    Je vous ai proposé deux clés initiatiques du labyrinthe : celle des 4 éléments et celle des principes alchimiques mais vous pouvez élaborer ou choisir d'autres clés. Personnellement, celle que j'ai utilisée pour mon labyrinthe de plantes est une combinaison des deux : le chemin est alchimique et le labyrinthe est orienté par les 4 éléments :

     

     

    Je vous laisse méditer là dessus !

     

    J'ai dit

    Je réalise des méditations labyrinthiques guidées que vous trouverez ici : https://www.leselixirsdulabyrinthe.fr/meditations-labyrinthiques-guidees/


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